Tout le monde connaît Jérôme Dimitri, photographe de
profession, scientifique et historien, qui partage sa vie entre Paris en
hiver, et Biarritz l'été, à Biarritz Hollywood Photo. Il est présent sur les
terrasses des cafés et des restaurants, et vous propose de réaliser vos
portraits, dans des photographies d'excellente qualité. Pour se rendre
vraiment compte de la réalité de son talent, il suffit de vous rendre dans
son discret magasin, situé rue Simon Etcheverry. D'origine Serbe, il est
véritablement un passionné de Biarritz et de son histoire. Dans un large
sourire, il nous confie :
«Biarritz, cette ville serbe».
En
effet, Biarritz a eu le privilège d'accueillir pendant 22 ans la reine
Nathalie de Serbie, 10 ans sa dame d'honneur, Draga Maschin, puis quelques
séjours de son fils, le roi Alexandre de Serbie. Mais l'histoire de Biarritz
et celle de cette famille royale sont bien plus étroitement liées.
En 1889, Milan Obrénovitch, roi de Serbie, abdique en faveur de son fils,
Alexandre. Il répudie son épouse, la reine Nathalie de Serbie, et part vivre
avec la femme d'un de ses secrétaires, Madame Christich. Alexandre est
ramené à Belgrade, et Nathalie, ex-souveraine, décide de voyager et de
chercher un lieu de résidence. Elle choisira Biarritz.
«
C'était une bien attachante figure que cette reine détrônée. Brune, d'une
beauté éclatante, le visage éclairé par de grands yeux noirs, elle joignait
à l'attrait physique celui d'une grande distinction de cœur et d'esprit»
-Wanda Vulliez, Gloire de Biarritz-.
Le
jeune roi viendra à Biarritz en 1895. Malgré son aspect général, « un
gros garçon à l'allure gauche, à la vue basse, coiffé d'un chapeau rond et
engoncé dans une veste épaisse à col d'astrakan», la population
biarrotte lui réserva un accueil triomphant, puisqu'il était le fils de la
reine Nathalie, qui œuvrait tant, et si bien, pour Biarritz et les pauvres,
fidèlement secondée par sa dame d'honneur, Draga Maschin.
« Draga
était une belle femme aussi, sportive, élégante et intelligente»,
constate Jérôme Dimitri, et de nous confier doucement : «Je su/s
amoureux de Draga».
Alexandre profita de son séjour dans notre station balnéaire pour parcourir
la région à bicyclette, et notamment le circuit Biarritz-Boucau, via les
plages, au grand dam des policiers chargés d'assurer sa sécurité, novices
dans ce genre d'exercice.
En 1897, Alexandre revient à Biarritz. Il y nouera, dans la résidence royale
Sacchino de Bidart -tellement identique au palais royal de Belgrade-, une
relation avec Draga Maschin. Est-ce un soir que Draga accepta le roi dans sa
chambre pour éviter le scandale, ou l'y attira-t-elle ? Est-ce plutôt, comme
nous l'affirme Jérôme Dimitri, une nuit, dans un bois, sous un pin, que les
deux amants se retrouvèrent pour la première fois, après une escapade en
échelle ? Toujours est-il que ce sera un virage dans les vie des trois
personnages.
Nathalie renvoie Draga, qui part pour Paris. Alexandre
larejoint aussitôt, et l'emmène à Belgrade, pour en faire sa maîtresse
officielle, puis finalement se marier avec elle en 1900.
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Rezime na srpskom
![](images/sc1_small.jpg)
Maschin, et à droite, le roi Alexandre de Serbie
(Archives personnelles de Jérôme Dimitri).
Trois ans plus tard, le couple
royal était assassiné dans le vieux palais de Konak, dans des circonstances
tragiques et sanguinaires. Ainsi s'achevait cette histoire d'amour.
Quant à Nathalie, «elle revint en effet, toujours jeune, encore belle
sous ses voiles de deuil, mais le visage marqué du sceau des grandes
douleurs. Et les portes de Sacchino autrefois si accueillantes se fermèrent
sur un chagrin qui ne voulait pas de témoin...».
Ces deux dernières images, Jérôme Dimitri tient à les faire
disparaître. Il tient à ramener la famille ro«L'hymne
serbe a
Biarritz». En haut, Jérôme Dimitri, en bas à gauche, Draga
yale à Biarritz, il tient à la faire revivre, et
parallèlement, à rapprocher les villes de Biarritz et de Belgrade. C'est
pour cette raison qu'il a décidé de publier prochainement un livre en
français et en serbe, le travail de plus de 30 ans de recherches
minutieuses, de voyages et d'enquêtes, et de consacrer bientôt une
exposition sur l'histoire de Biarritz au travers de Nathalie, de Draga et
d'Alexandre, à l'Hôtel de Ville de Biarritz. Il est à noter qu'il tient
déjà, dans l'église Saint-Marco à Belgrade, sur la tombe même de Sacha
-Alexandre en serbe- et Draga, une exposition permanente, "Biarritz
bien-aimée, sur la tombe de ses amoureux, Sacha et Draga".
![](images/sc2_small.jpg)
Mazette ! Mais c'est notre Didier sur la photo!
Tous les convives font le même signe (trois doigts)
qui
signifie "Pour que vive la Serbie" (de notre ami Dimitri).
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